Je l'aimais - Anna Gavalda
Poussé par la curiosité, et finissant par me sentir comme un extraterrestre de n'avoir jamais ouvert un de ses livres, j'ai donc décidé de me lancer dans la lecture d'un Anna Gavalda. Mais, prudent pour ma première confrontation, je me suis rabattu sur Je l'aimais, dont la petite taille était à la hauteur de mon enthousiasme pour cette lecture. Affronter les plus de 600 pages de La Consolante sans un petit échauffement me semblait quelque peu ambitieux... Ayant d'abord rangé (un peu vite et de manière totalement subjective) Anna Gavalda au rang de littérature sentimentale et produit marketing, j'abordais la lecture avec l'état d'esprit un peu froid et détaché de l'anthropologue qui découvre une nouvelle espèce, n'étant pas un amateur du genre...
A ma grande (et agréable) surprise cependant, l'anthropologue s'est bien vite effacé, désarçonné par la force du récit et par le rythme imposé par les dialogues...
Les deux personnages principaux du roman sont Pierre et Chloé, qu'à priori tout oppose. Chloé vient de se faire "larguer" (j'utilise le terme à dessein, il est emprunté au livre) par Adrien, le fils de Pierre. On imagine Chloé vive et enjouée. Son beau-père, par sa froideur et sa réserve, semble être son contraire et on s'attend à ce que le séjour à la campagne qu'il propose à Chloé et à ses deux petites filles soit un calvaire pour cette dernière...
"Je ne comprenais pas cet homme qui s'économisait et réfrénait ses élans. Ne rien montrer de peur de se sentir affaibli, je n'ai jamais pu comprendre ça. Chez moi, on se touche et on s'embrasse comme on respire."
Mais progressivement, la glace se brise, on sent naître une intimité entre les deux personnages, le dialogue se noue et l'on découvre que cette retraite forcée à la campagne ne délivre pas que Chloé...
Ce roman est un petit tour de force. On a vite fait de se faire happer par ces dialogues d'apparence très simples, mais très justes. Je suis toujours fasciné par la faculté qu'ont certains auteurs à donner cette impression que la vie naît entre nos doigts. Reste peut-être cette tentative finale de vouloir donner absolument une morale à l'histoire. Je ne sais pas si cela s'imposait. Le seul tableau des deux personnages suffisait à mon avis à en faire un roman suffisamment fort. Un livre lu en une soirée.