De Niro's Game - Rawi Hage
Liban, au début des années 1980. A Beyrouth-Ouest, dans le chaos d'une ville où règne la loi des armes, le jeune Bassam rêve d'Europe. Son ami d'enfance, Georges, brûle sa jeunesse dans les violences de la guerre civile. Livrés à eux-mêmes, les jeunes de Beyrouth voient dans la guerre et ses dangers un décor à la mesure de leur insouciance. Mais les horreurs du conflit et la mort qui les rattrape auront bientôt raison de leur fougue...
"Je n'avais plus aucun intérêt pour l'écho des abattoirs, la course lourde des talons, les feux d'artifice. Je n'avais d'oreille que pour les vagues qui jutaient sous le pont, plongeaient sur le pare-brise, venaient me lécher les pieds."
"De Niro's Game" : un drôle de titre, sonnant bizarrement. Au Québec, le livre est paru sous le titre "Parfum de poussière" qui n'était pourtant pas si mal. "De Niro's Game" fait allusion à la scène de la roulette russe du film "Voyage au bout de l'enfer" de Michael Cimino, dans lequel joue l'acteur américain Robert De Niro. Dans le film déjà, cette scène avait une forte portée symbolique. La roulette russe, comme image de la futilité de la guerre, de la légèreté de nos vies, de la marche implacable du destin.
"De Niro's Game" transpire la violence. Violence du récit, violence de l'écriture aussi. Rawi Hage alterne les phrases courtes, saccadées comme un tir d'arme automatique, et des phrases très longues, qui laissent à bout de souffle. Il utilise parfois les répétitions, pour marteler ses idées, jouer sur le rythme. Il n'épargne personne, ni son personnage hanté par ses faiblesses et ses obsessions, ni le lecteur qui doit s'accommoder d'un style nerveux, parfois chaotique, de forme inhabituelle, avec des dialogues faisant corps avec le récit.
"J'ai mordu ma lèvre gonflée, ignoré mes côtes meurtries et je leur ai demandé de descendre lentement. J'ai dit : Lentement. Puis lentement, j'ai redit : Lentement."
Finalement, un très bon roman, au style vif et prenant. Le livre a également le mérite de donner un éclairage différent sur un conflit que l'on ne connaît souvent que par les livres d'histoires ou des articles de journaux.
Ce livre a reçu le prix des Libraires du Québec 2008 puis le prestigieux prix Impac 2008 de ce coté de l'Atlantique. Il est accueilli avec enthousiasme sur la plupart des blogs de lecture.
Ce livre m'a été offert, comme à beaucoup de blogueurs, par le site ChezLesFilles et les éditions Denoel que je remercie. Cela n'a joué en rien sur l'objectivité de mon jugement. La preuve avec le roman de Florence Ben Sadoun, que j'ai reçu de la même manière, et pour lequel j'ai donné mon avis avec la même sincérité...