Le piège diabolique - Edgar Pierre Jacobs [BD]
Je ne suis pas un véritable amateur de BD. Les vrais amateurs de BD lisent Winshluss, Gally ou Bastien Vivès. Autant d'auteurs que l'on peut, semblerait-il, croiser au festival d'Angoulême, mais qui, à ma grande honte, sont pour moi de parfaits inconnus... Je suis en fait un amateur de BD archaïque, resté bloqué sur ses lectures adolescentes... Parmi celles-ci, ma préférence va sans conteste à la célèbre série des "Aventures de Blake et Mortimer" de Edgar Pierre Jacobs.
Ma collection de Blake et Mortimer "d'époque" (éditions du Lombard des années 80, dans un format un peu plus petit que les éditions actuelles qui me plaisent moins), trône en bonne place dans ma bibliothèque, à l'abri de la lumière direct du soleil qui pourrait altérer leur fragile couverture et suffisamment en hauteur pour rester inaccessible aux petites mains enchocolatées de ma jeune progéniture avide de livres colorés (ils auront le droit d'y jeter un coup d'oeil lorsqu'ils seront capables de lire Tchoupi dans le texte...).
Mais la passion m'égare. Que dire sur "Le piège diabolique", sinon qu'il s'agit pour moi du chef-d'oeuvre de Jacobs, aussi bien d'un point de vue du graphisme que du scénario. Dans ce volume, Jacobs (et toute son équipe, car il ne travaillait pas seul...) a atteint la pleine maitrise du dessin, bien plus fin et détaillé que dans les premiers volumes de la série (je pense notamment au "Secret de l'Espadon", qui a moins bien vieilli...). Cette histoire, inspirée de "La machine à remonter le temps" de H.G. Wells, que Jacobs a eu la bonne idée de condenser dans un seul volume, tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page.
On notera dans "Le piège diabolique" que Jacobs imagine les français du futur archi-nuls en orthographe (voir l'illustration ci-dessous) : une vision prophétique d'une incroyable justesse pour une histoire publiée en 1962, et d'actualité lorsque l'on considère le niveau en orthographe des lycéens d'aujourd'hui, sur-entraînés au langage SMS (peut-être avez-vous entendu parler de la publication cette semaine des résultats de cette dictée infligée en 2007 à un peu plus de 1000 élèves de seconde et qui s'est soldée par un zéro pointé pour deux lycéens sur trois...).
@ 2008 Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v DARGAUD - LOMBARD s.a
Je relis périodiquement et avec un plaisir intact cette BD, mais n'ai pas encore réussit à déterminer ce qui expliquait cet attrait. Est-ce la quantité de texte, inhabituelle pour une BD, qui correspond à ma sensibilté de lecteur de romans ? Le mélange de fantastique et de science-fiction ? Un dessin indémodable ? Une forme de nostalgie de l'adolescence ? Peut-être un peu de tout cela. Il semble cependant que je ne soit pas le seul lecteur insensible au charme de cette série, puisque le dernier tome (que je n'ai pas lu : fallait-il vraiment poursuivre l'oeuvre de Jacobs ?...) "Le sanctuaire de Gondwana" (ce titre...), est la deuxième BD la plus vendue en 2008 avec plus de 600.000 exemplaires...