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Romans et Lectures - Blog de lecture
23 avril 2009

Enterrez-moi sous le carrelage - Pavel Sanaïev

Sacha Saveliev vit à Moscou chez ses grands-parents et ne voit sa mère que rarement depuis qu'elle a refait sa vie avec un artiste. Sacha, comme tout les garçons de son âge, passe le plus clair de son temps à jouer et à rêver. Mais sa santé fragile lui vaut l'attention constante de sa grand-mère Nina, qui oeuvre énergiquement pour empêcher le "pourrissement" de son petit-fils...

Enterrez-moi sous le carrelage - Pavel Sanaïev

Quel effrayant personnage cette grand-mère !  Si vous essayez de vous la représenter comme un vague clone russe de Tatie Danielle, sachez que vous êtes encore loin du compte... Cette grand-mère-ci vocifère et jure comme un charetier, et entre deux malédictions affuble son petit protégé d'aimables sobriquets tels que "débile",  "ordure" ou "charogne", sa préférence allant sans conteste pour "salop" :

"Tu as transpiré... Très Sainte Mère de Dieu, protège-nous,  il a sué, ce salaud ! Mon Dieu, sauve-le, épargne-le ! Mais maintenant, espèce de créature, tu vas en prendre pour ton grade !". (p.29)

Une grand-mère vraiment effrayante, dont les rares manifestations de tendresse font presque autant frémir que les colères :

"Les baisers de grand-mère provoquaient en moi un haut le coeur et, arrivant à peine à me retenir pour ne pas vomir, j'attendais, avec une exaspération extrême, que ce froid humide cesse de ramper sur mon cou [...]." (p.203)

Etonnamment, le jeune Sacha, qui est aussi le narrateur de cet étrange récit, semble pourtant assez insensible aux accès de violence de son acariâtre grand-mère, et laisse passer les orages avec un détachement parfois surprenant. Il est bien sûr malheureux lorsqu'il fait les frais de la mauvaise humeur matriarcale, mais cela ne dure jamais et son optimisme reprend toujours le dessus. Enfermé dans une prison d'affection étouffante, il parvient à s'échapper à force d'imagination et de jeux d'enfants. Et dans ce maelström de jurons et de colères, se détache comme une icône (n'oublions pas que nous sommes en Russie...) la figure apaisante de la mère chérie :

"Grand-mère était ma vie, maman une fête exceptionnelle." (p.223)

Un roman étonnant, mélange d'absurde, d'humour, de tendresse et de violence, bien écrit, même si le flot ininterrompu d'insultes peut un peu lasser à la longue.  On ne peut qu'espérer pour Pavel Sanaïev que ce récit ne soit pas trop autobiographique...

"Enterrez-moi sous le carrelage" de Pavel Sanaïev (2009)
Les Allusifs, 266 pages, 23 €

Un roman lu dans le cadre du Prix de la Révélation auFeminin.com

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Commentaires
C
Bookomaton> Pour le manque de profondeur, je ne sais pas (en fait, je me demande si j'ai réellement compris ce roman), mais en revanche, même impression que toi : j'ai trouvé le temps long... :)
B
Pas entièrement convaincue par ce roman, qui tire en longueur et manque de profondeur.
K
La relecture et la concision existent:à moins que P.Sanaiev n'en ait pas eu le temps.<br /> Comme tout le monde,je n'ai pas gardé mon ticket de caisse pour le remboursement.<br /> Mais il est normal que ce monsieur essaie de gagner sa vie.<br /> Ne devient pas Gorky qui le veut,ni Bazin.<br /> On a du mal à comprendre à quelle époque de l'URSS se situe le récit.Les difficultés des grands-parents sont peu évoqués.<br /> Edulcoré sur la vie en Urss à cete époque.On tire beaucoup à la ligne avec le vocabulaire de la grand-mère,mais ça n'apporte rirn.
F
Le titre, l'histoire... tout cela me tente bien.<br /> :)
C
ça, pour être particulier... :) mais lire peut-être les premières pages, pour se faire une idée ?
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