L'avant-dernière chance - Caroline Vermalle
Comme beaucoup, je me suis toujours dit qu'un livre qui arborait fièrement le bandeau écarlate d'un prix littéraire fraîchement acquis ne pouvait être complètement mauvais. Profitant de cette attitude répandue, les prix littéraires ont fleurit ces dernières années, à tel point que les origines de beaucoup d'entre eux sont parfois un peu obscures. Une petite visite sur le site prix-littéraires.net, qui recense plus de 1300 prix littéraires, finira de vous convaincre (s'il en était besoin) de l'ampleur du phénomène. Dans cette longue liste de prix, on peut trouver le Prix Nouveau Talent, prix dont s'enorgueille le roman de Caroline Vermalle, "L'avant-dernière chance". Mais qu'est-ce qui se cache derrière ce nouveau prix littéraire ?
Si l'on cherche un peu, on découvre dans les dernières pages du livre que ce prix récompense un premier roman intégrant le langage SMS et les messageries instantanées et qu'il est en grande partie financé par Bouygues Telecom...
Quoi !? J'ai entre les mains un livre de promotion du langage SMS, ce langage honni qui pourrit le niveau en orthographe de nos lycéens et pollue les commentaires des blogs high-tech (un peu moins les blogs de lecture), un prix qui plus est financé par un opérateur téléphonique pour des raisons assurément plus mercantiles que littéraires ?
Vous aurez compris que, quitte à passer pour un vieux débris (37 ans depuis peu), je ne suis pas un fan du langage SMS : lorsque j'envoie un texto, je fais partie de ces maniaques qui soignent leur orthographe, mettent des majuscules aux noms propres et des accents si nécessaire.
J'ai donc commencé ma lecture, le stylo entre les dents, prêt à dégainer à la première fausse note, mais au bout de quelques pages, j'ai pu faire trois constatations étonnantes :
1.Caroline Vermalle n'a pas écrit son roman en langage SMS.
Les SMS qui, conformément au contrat, sont présents dans le récit, sont logiquement rédigés en langage SMS, mais le texte est, contre toute attente, rédigé dans un français correct. Les quelques SMS présents sont de plus tous traduits. Une bonne surprise.
2.Caroline Vermalle a respecté son contrat, mais elle l'a respecté intelligemment.
Pour tout dire, si j'avais fait partie du jury chargé de sélectionner le meilleur roman en compétition pour le Prix Nouveau Talent, j'aurais très certainement voté pour ce bouquin. C'est intelligent parce que le récit met en scène un grand-père et sa petite-fille, et qu'en mettant en scène des personnages jeunes (qui utilisent naturellement les SMS), mais surtout d'autres beaucoup moins jeunes (un marché à conquérir pour un opérateur téléphonique), elle cible les bonnes personnes. Le roman prend parfois des airs de manuel à l'usage du débutant en langage SMS, mais cela est fait avec naturel et humour, et il est bien connu que pub et humour font en général un ménage heureux.
3.Caroline Vermalle aime les vieux.
Mais je suis vraiment injuste avec l'auteur d'insister aussi lourdement sur l'aspect un peu promotionnel de ce livre, car le roman est vraiment sympa, plein d'humour et de bonne humeur. C'est un roman sur l'amitié, un peu franchouillard. Sur cet aspect, il me fait un peu penser au film "Bienvenue chez les Ch'tis" de Dany Boon : pour vous faire une vague idée du roman, vous pouvez déplacer l'action du film en Bretagne et ajouter une quarantaine d'années aux personnages. C'est aussi un roman sur la vieillesse et l'indifférence. Le regard de l'auteur sur ses ainés, plein de tendresse, est parfois surprenant d'empathie pour une auteur si jeune (35 ans, comme moi...).
Le roman, malgré ce thème qui peut (à tort bien sûr, c'est la leçon du livre) rebuter, reste un livre très facile, certes plein de bons sentiments, mais une bonne lecture de vacances (week-end de Pentecôte approved), drôle, légère et divertissante.
Un roman qui a fait l'objet de commentaires plutôt positifs sur les blogs de lecture, notamment chez Lou ou chez Chris89, ou chez Frisette. On peut lire un avis un peu plus mitigé chez Sylire.
"L'avant-dernière chance" de Caroline Vermalle (2009)
Calmann-Lévy, 246 pages, 8.90 €
Merci à Caroline Vermalle, qui a bien voulu prendre le risque de m'envoyer son roman :)