24 15 juin 2009
Facebook - Et moi ! Et moi ! Et moi! - Nina Testut
"Facebook - Et moi ! Et moi ! Et moi !" est un livre sur le plus célèbre des réseaux sociaux. Mais comment juger un livre sur Facebook lorsque l'on ne l'utilise pas ? C'est la question que je me suis posée avant même de commencer ma lecture, et il a bien fallu que je trouve une solution à cet épineux problème afin de rester conforme à la rigueur éditoriale qui caractérise ce blog...
Première solution : profiter de l'occasion pour ouvrir un compte sur Facebook
Une solution élégante, mais un peu artificielle, puisqu'essentiellement motivée par la curiosité. Cette position m'aurait d'ailleurs placée dans la situation du "passager clandestin", si j'en crois la classification des utilisateurs de Facebook proposée par Nina Testut, une situation peu glorieuse qui ne m'aurait certainement pas permis de juger des immenses possibilités offertes par le site, puisque mon compte serait très certainement resté désespérément vierge des fameux "amis" nécessaires à son bon fonctionnement. Une solution bien vite [1] abandonnée.
Deuxième solution : squatter un compte Facebook
Solution moins élégante, mais diablement rapide et efficace. Pas de formulaire d'inscription, pas de recherche fastidieuse d'"amis", pas de bidouillage de son profil. J'ai donc réussi à force de persuasion à obtenir les identifiants de ma femme, pour me connecter à son profil et voir enfin à quoi ressemblait ce fameux temple du Web 2.0. J'ai ainsi pu découvrir l'interface assez sobre de Facebook, lire les "statuts" plus ou moins inspirés des quelques "amis" de mon épouse, et apprécier les nombreuses sollicitations du site, dont celles de curieuses "applications" dont les intitulés ( "Es-tu un psychopathe" ou "Quel personnage de Walt-Disney serais-tu"...) m'ont souvent laissés dubitatifs... Ayant ainsi pu me faire une rapide idée de Facebook, je pouvais commencer sereinement ma lecture du "docu-fiction" de Nina Testut...
Le livre de Nina Testut est un curieux mélange d'essai, avec ce qu'il faut de références et de chiffres édifiants (on y apprend notamment que Facebok compte plus de 5 millions d'utilisateurs en France), et de fiction, avec une galerie de personnages, tous utilisateurs de Facebook. Ces personnages utilisent chacun le réseau social à leur façon, une manière assez souple de présenter les différentes catégories d'utilisateurs. Chaque personnage présente ses opinions ou ses états d'âme à la première personne, sous forme de courts chapitres, commençant la plupart du temps pas "Je suis ..." afin de rappeler au lecteur s'il en doutait que l'on est bien dans le règne du Moi surdimensionné.
Je me permets de relever ici le principal défaut du livre : j'ai été un peu gêné que les différents personnages s'expriment tous plus ou moins de la même manière. L'auteur leur a prêté à tous à peu près le même langage "djeune" avec des choper, kiffer et autre glamour, un peu répétitifs et irritants à la longue. Je veux bien croire que Facebook est majoritairement utilisé par les moins de 30 ans, mais était-il nécessaire de caricaturer le langage à ce point ?
Passé ce détail (et quelques anglicismes peut-être pas toujours justifiés), le livre est très intéressant pour un novice (comme moi). Il doit l'être également pour un utilisateur confirmé qui pourra certainement se reconnaître dans la galerie de personnages proposés par l'auteur.
Parmi les surprises de l'ouvrage, j'ai appris avec tristesse qu'à plus de 30 ans, j'étais un vieux crouton sur Facebook, j'ai également appris que le nombre d'amis moyens sur le réseau atteignait le chiffre hallucinant de 120, ce qui m'a fait me poser des questions sur ma sociabilité avec ma dizaine de véritables amis dans la "vraie" vie...
Twitter - Et moi ! Et moi ! Et moi !
Enfin, j'ai apprécié les analyses pertinentes qui clôturent chaque chapitre (je n'ose imaginer le nombre d'heures qu'a dû passer Nina Testut sur Facebook pour faire ainsi le tour de la question...). Beaucoup de ces analyses peuvent s'appliquer à d'autres réseaux sociaux que Facebook, dont le fameux Twitter, très à la mode en ce moment. A propos de Twitter, et pour vous dire à quel point je ne suis pas à une contradiction près, je m'y suis inscrit il y a quelques semaines, poussé par la curiosité. On pourra (à juste titre) faire de nombreux reproches à Twitter, on pourra au moins lui épargner celui du "hold-up sémantique", car ici les "amis" sont un peu plus sobrement nommés des "followers" [2] ...
"Facebook - Et moi! Et moi! Et moi!" de Nina Testut (2009)
Editions Hoebeke, 190 pages, 17 €
[1] et provisoirement...
[2] un anglicisme difficilement traduisible pour le coup. De l'anglais to follow : suivre.
Commentaires
J'ai peur d'une caricature un peu facile. Je crois que Facebook est comme tout, façonné par ceux qui le fréquentent. Et, pour prendre un exemple au hasard, moâ
, je me verrais dans l'impossibilité de réduire à un profil ou à un autre les personnalités de ceux qui sont mes "amis" facebookiens. Entre ceux qui mettent à jour les liens vers leurs nouveaux billets de blog, ceux qui partagent une information politique ou culturelle, ceux qui lancent une phrase drolatique, profonde ou zarbi et ceux qui racontent que leur lave-vaisselle est pété, y'a de quoi faire...
Jusqu'ici, j'ai plutôt fait de belles découvertes. Etre "fan de" France Culture, ça aide pour avoir des infos sur des émissions qu'on aime. Sans oublier les trouzaines de forums de discussion sur des tas de sujets...
Du coup, je ne suis pas emballée par ce livre. Facebook décrit pas Georgio adepte du saut à ski ou par Rosette artiste peintre sera forcément différent. Et le Facebook de Nina Testut avec ces "glamour" qui "kiffe" des trucs semble bien éloigné du mien!
Zarline> ... sur Facebook, et indirectement sur les réseaux sociaux en général. Je me demande si les quelques millions d'internautes concernés ne valent pas au moins un bouquin...
Pagesapages> J'espère que le ton un peu ironique de la première partie de mon billet ainsi que ma remarque sur la manière de s'exprimer de certains personnages ne sont pas pas source de confusion ! Je ne crois pas que le livre de Nina Testut soit caricatural : elle aborde à mon avis la plupart des aspects de Facebook, notamment l'aspect militant, engagé, politique, auquel elle réserve d'ailleurs un chapitre entier. Les usages privés ou professionnels sont également traités, ainsi que les nombreuses ressources disponibles sur le site... Je ne voudrais pas que ma remarque sur le langage occulte l'étude sociologique réalisée par l'auteur !Oh, alors, c'est une vision large du schmilblick. Là, ça m'intéresse. J'ai bien fait de laisser un commentaire et de revenir aux nouvelles ! (et pour la "source de la confusion", je crois que je la porte souvent en bandoulière, toute seule comme une grande
, je confusionne et je confusionnerai, bref, je suis confuse
)
Pagesapages> Confusion partagée je crois... au passage, il me semble de mémoire avoir lu dans le livre plusieurs allusions à France Culture et à France Inter... il se pourrait que tu sois sur certains points sur la même longueur d'onde (c'est le cas de le dire) que l'auteur, en tous cas plus que tu ne pourrais le penser d'après mon billet...
j'ai pas lu. malgré que ça sente le filon pour vendre un bouquin qui surfe sur le succés de facebook, vous le décrivez assez bien pour donner envie de le lire.
Bien évidemment, le langage peut aussi être un peu plus soutenu. de 18 à 77 ans.
bien à vous, m'sieu cal'pin ( héhé joke lOl et smileys qui rient)
Je suis sur Facebook, mais honnêtement, je trouve que cela n'a absolument aucun intérêt ! J'y ai quelques amis, qui sont en fait des amis de la "vraie" vie ou bien quelques blogueurs, mais je n'accepte jamais de lien de gens que je ne connais pas. Et puis si je veux contacter ceux que je connais, je les appelle ou leur envoie un mail... Mais bon, il paraît qu'il "faut" y être... Je l'ai juste fait car cela m'a permis de mettre un lien vers le blog, mais je n'ai pas l'impression que qui que ce soit dans mes visiteurs soit arrivé par là...
Sinon, un livre sur Facebook, pourquoi pas. C'est effectivement presque un phénomène de société, de même que les autres Twitter (que je ne connais pas) ou autres Wikio...Une recrue pour ta Chick Litt chez moi...
http://liliba.canalblog.com/archives/2009/06/14/index.htmlNina> "I'll try harder" : incorrigible Nina Testut...
Fantasio> Tu as déjà sombré dans la blogosphère, méfies-toi de la facebookosphère (proverbe chinois)
Liliba> Belle franchise Liliba, il est vrai qu'un lien est un lien, vais peut-être m'inscrire sur Facebook moi... ps pour ton dernier commentaire, totalement hors-sujet, je te signale que tu le postes alors que trône en haut à gauche de ce blog un blogit-express avec un lien vers ton blog et le billet en question...Un livre sur Facebook ??
Oh , je devrais certainement me reconnaître dans une des catégories d'utilisateurs car je m'y suis inscrite juste pour voir comment c'était (et oui on est obligé de s'inscire....) Et du coup, que 3 amis et depuis l'inscription je n'y vais jamais, je n'y comprends rien et ça m'intéresse pas toutes ces applications, si bien évoquées dans le billet, que l'on m'envoitJ'ai bien souri en lisant ce billet.
Livre un peu sommaire à mon humble avis
Le livre a le mérite d'exister mais il a également pas mal de défauts sur le strict plan sociologique, je lui reproche essentiellement de ne pas assez insister sur les inégalités croissantes qui marquent le web 2.0 dans son ensemble.
Un Olivier Donnat a fait un travail plus général mais beaucoup plus critique (avec chiffres à l'appui) ici :
http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_pratiques_culturelles_des_Francais_a_l_ere_numerique-9782707158000.html
Et la sociologue Jennifer A. Schradie a récemment publié une étude sur la fracture numérique au sein même de la blogosphère et dans le web 2.0 en général :
http://www.epn-ressources.be/web-2-et-production-de-contenu-en-ligne-une-fracture-numerique-persistante
Comme vous l'évoquiez au début de votre article, c'est loin d'être aussi facile que ça d'accumuler tout un tas "d'amis", il faut une 'intelligence sociale' qui est particulièrement mal distribuée, sans parler du capital culturel indispensable à détenir pour intéresser un large lectorat.un souhait
Bonjour Nina moi c'est Romeo Sossou étudiant en sociologie au Bénin. A l' Université d'Abomey-Calavi. Je suis actuellement entrain de faire des recherches sur les usages des réseaux sociaux au Bénin cas de Facebook à Cotonou. C'est une recherche en vue d'obtenir ma License Académique en Sciences Sociales.
Je viens par la présente te demander une copie de ce joyau dans la sociologie des réseaux sociaux. Je n'ai pas trouver de copîe dans les bibliothèque que nous avons ici à Cotonou.
Merci. je suis au 0022997990320. Boite postale 10bp0202 houeyiho-cotonou.
ouah, un livre entier sur facebook, il faut quand même le faire. Bon malgré l'exploit, très peu pour moi.