Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Millénium 1 - Stieg Larsson
J'ai enfin lu "Millénium", la célèbre trilogie de Stieg Larsson. J''avais mis ces trois gros livres de côté depuis longtemps, les réservant pour les vacances d'été. Les vacances sont finies : il est temps maintenant de faire le bilan de ces lectures estivales en commençant par le premier volet de la série : "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes"...
Tout en étant très heureux de pouvoir enfin me plonger dans ce fameux polar nordique, je dois avouer que j'ai abordé cette lecture d'un oeil plutôt critique : une exigence à la hauteur des louanges dont le livre a pu faire l'objet...
Un début laborieux
En fait, le récit démarre plutôt calmement : Stieg Larsson prend son temps pour camper les personnages et le décor. L'intrigue elle-même met du temps à décoller. En fait, il m'a fallu atteindre la moitié du livre pour véritablement me faire happer par cette histoire de journaliste enquêtant sur une mystérieuse disparition pour le compte d'un riche industriel suédois. Une fois lancé, il faut cependant avouer que l'on a du mal à décrocher...
Un style quelconque ?
Le style de Stieg Larsson n'est pas exceptionnel : certaines phrases ont un peu heurté mes oreilles peut-être trop délicates... Difficile cependant de savoir s'il faut incriminer l'auteur ou les traducteurs. On m'avait prévenu que Stieg Larsson avait tendance à noyer le récit sous une profusion de détails : c'est en effet le cas, et certaines descriptions ont un côté "rapport de police" assez prononcé. Ceci dit, cet aspect presque administratif du texte, écrit au passé, participe à l'atmosphère dramatique : comme tout rapport légiste, on s'attend, plus ou moins consciemment, à ce qu'il se termine par une mauvaise nouvelle...
Un roman écrit pour le cinéma
Pendant ma lecture, j'ai été frappé par le côté "film d'action américain" du roman. L'auteur utilise certaines (grosses) ficelles des films d'action, dont la scène de fusillade haletante ou la course-poursuite effrénée qui se termine (forcément) contre un poids-lourd (dont l'explosion est bien plus photogénique que celle d'une Twingo). Ce premier tome a été adapté pour le grand écran cette année.
La folie Millenium
"Millénium" a rencontré un succès phénoménal, avec plus de huit millions de lecteurs de par le monde dont plus de deux millions en France. Un succès d'autant plus surprenant que chacun des trois tomes de la série comporte plus de 600 pages... Il existe des circuits touristiques à Stokholm pour voir les lieux "cultes" de la saga, le roman a été adapté au cinéma... bref, le jackpot pour les éditions Acte Sud. Autre signe de succès : rares sont les blogs de lecture n'ayant pas publié au moins un article sur "Millénium" (je sais, il était temps que je me réveille).
Découverte de la Suède
Le cadre du roman, la Suède, constitue l'un des aspects les plus originaux du roman. On n'est pas incollable sur la Suède en refermant le roman, mais on a l'impression d'avoir un peu défriché le sujet. Le pays fait l'objet d'un regain d'intérêt depuis la sortie du roman, et les polars scandinaves ont le vent en poupe en librairie.
Succès mérité ?
Mais ce succès planétaire est-il vraiment mérité ? Personnellement, j'ai vu dans ce premier tome un thriller assez classique, avec notamment ses inévitables scènes de violence et de barbarie. J'ai cru un instant qu'il fallait trouver dans le recours à la religion une explication du succès du roman, sur le modèle du "Da Vinci Code", mais il s'avère que la religion a un rôle finalement secondaire dans le récit, voire décoratif. Les personnages en revanche sont plutôt réussis : le journaliste Mickael Blomkvist est suffisamment sympathique pour que l'on suive ses aventures avec intérêt, et Lisbeth Salander apporte au roman ce qu'il faut de mystère, mais aussi de modernité.
Bref, un excellent polar pour les vacances, bien ficelé, qui se lit plus vite que ses plus de 500 pages ne laisse présager, mais un roman qui n'est tout de même pas un chef d'oeuvre... A la fin de ce premier tome (qui se termine vraiment, la lecture de la suite ne s'impose pas), on se demande ce qui a pu déclencher un tel engouement... La solution dans les tomes suivants ?
"Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Millénium 1" de Stieg Larsson (2006)
Actes Sud, Collection Actes noirs, 574 pages, 22 €