Les belles choses que porte le ciel - Dinaw Mengestu
Dinaw Mengestu est né à Addis Abbeba en 1978. Sa famille a quitté l'Ethiopie pour fuir la révolution alors qu'il avait deux ans et finit par s'installer aux Etats-Unis. "Les belles choses que porte le ciel" est un roman en partie autobiographique dont le personnage principal, Sépha Stéphanos, connaît un destin comparable à celui de l'auteur, à la différence près que Sépha est un peu plus agé, et qu'il est dans le récit témoin des violences perpétrées en Ethiopie à la fin des années 70...
Mais l'essentiel de l'action du roman est contemporaine et se déroule aux Etats-Unis, dans la banlieue de Washington, où Sépha Stéphanos tient une petite épicerie. Avec ses deux amis, Kenneth et Joseph, immigrés africains comme lui, il tente de se faire une place dans un pays qui reste à ses yeux une terre de liberté, malgré les désillusions du rêve américain. Tous les jours, les trois amis se retrouvent après leur journée de travail pour boire un verre et jouer à leur jeu favori : lancer un nom de dictateur africain puis laisser aux autres le soin de deviner dans quel pays celui-ci a sévi... Ils vivent ainsi, cahin-caha, loin des souvenirs des violences africaines qu'ils ont laissées derrière eux. L'arrivée dans le quartier d'une jeune femme blanche, Judith, et de sa petite fille métisse, Noemi, va cependant bouleverser cet équilibre précaire...
Ce qui frappe dans ce roman (ce qui m'a frappé en tout cas), c'est l'apparente bienveillance du narrateur. Ce calme à la limite de la nonchalance. Mais rien de péjoratif dans cette remarque : c'est au contraire le principal attrait du roman à mes yeux, ce regard paisible posé sur le monde, que l'on ressent dans l'écriture même, jamais heurtée, toujours fluide et agréable. Une impression ressentie notamment dans les descriptions du quartier et de ses habitants, toujours teintées d'une douce bienveillance. Plus étonnant, le narrateur reste posé lorsqu'il relate, assez tard dans le récit, les violences qu'il a connues dans sa jeunesse. Il ne s'agit cependant pas de froideur, mais plutôt d'une sorte de calme survenant après une tempête. Seul - petit - problème : de la bienveillance béate à la passivité, il n'y a qu'un pas qu'il est aisé de franchir, et je dois avouer avoir eu envie au bout de quelques temps (et de quelques longueurs) de houspiller un peu ce personnage sympathique mais parfois passif, moins acteur que spectateur de sa vie. "Il y a des moments comme ça, cependant, où nous ne bougeons pas et où tout ce que nous avons à faire est de regarder en arrière vers la vie que nous avons menée". Un premier roman réussi malgré tout.
Sur les blogs de lecture, vous pouvez lire également les avis (tous positifs) de Cuné, Cathulu, Sylire, Sentinelle, Naina94, Theoma, Katell, Sylvie ou Christian Tortel...
Merci à Suzanne, de Chezlesfilles, qui m'a envoyé ce roman.
"Les belles choses que porte le ciel" de Dinaw Mengestu (2007)
Le Livre de poche, 282 pages, 6.50 €