Bloc de notas, la vuelta (Calepin, le retour)
Il semblerait que mes nombreux fans s'inquiètent de mon absence sur le web (en réalité, seule Philo l'a fait, mais il n'est pas interdit de rêver). Voici donc un message destiné à les rassurer.
Outre le fait qu'il m'est plus facile et plus agréable de lire des romans que d'écrire des billets (ce qui explique ces délais insoutenables entre les publications sur ce blog), il se trouve que je reviens de Barcelone (d'où ce titre en espagnol approximatif), ville dans laquelle je viens de passer un grand week-end.
J'ai pu y faire quelques visites (de monuments, pas de blogs), parmi lesquelles l'incontournable (dans tous les sens du terme) Sagrada Familia, (c'est avec une pensée émue pour les habitants du quartier que j'ai appris qu'elle était en chantier jusqu'en 2030), le parc Guell et sa fameuse salamandre multicolore, la déconcertante Perdrera, la très riche fondation Miro, la très sobre fondation Tapiès... ainsi que d'intéressantes dégustations de produits locaux (ils s'y connaissent en jambon ces Catalans).
Bibliothèque de la fondation Tapiès, Barcelone
A propos de la fondation Tapiès, et pour revenir aux livres, j'ai pu y voir, en plus d'une bibliothèque (ci-dessus) dont je ferais bien mon bureau, un document étonnant. Il s'agit d'un exemplaire de 1925 de la revue "La révolution surréaliste", ouvert sur une double-page sur laquelle on pouvait lire un court texte intitulé "Adresse au Pape" que je vous livre en intégralité :
"Le Confessionnal, ce n’est pas toi, ô Pape, c’est nous, mais, comprends nous et que la catholicité nous comprenne.
Au nom de la Patrie, au nom de la Famille, tu pousses à la vente des âmes, à la libre trituration des corps.
Nous avons entre notre âme et nous assez de chemins à franchir, assez de distances pour y interposer tes prêtres branlants et cet amoncellement d’aventureuses doctrines dont se nourrissent tous les chatrés du libéralisme mondial.
Ton Dieu catholique et chrétien qui, comme les autres dieux a pensé tout le mal :
1° Tu l’as mis dans ta poche.
2° Nous n’avons que faire de tes canons, index, péché, confessionnal, prétraille, nous pensons à une autre guerre, guerre à toi, Pape, chien.
Ici l’esprit se confesse à l’esprit.
Du haut en bas de ta mascarade romaine ce qui triomphe c’est la haine des vérités immédiates de l’âme, de ces flammes qui brûlent à même l’esprit. Il n’y a Dieu, Bible ou Evangile, il n’y a pas de mots qui arrêtent l’esprit.
Nous ne sommes pas au monde. O Pape confiné dans le monde, ni la terre, ni Dieu ne parlent par toi.
Le monde, c’est l’abîme de l’âme, Pape déjeté, Pape extérieur à l’âme, laisse-nous nager dans nos corps, laisse nos âmes dans nos âmes, nous n’avons pas besoin de ton couteau de clartés."
L'impertinence de ce texte écrit il y a presque cent ans m'a vraiment sidéré. Comment serait accueilli un tel texte s'il était publié dans une revue contemporaine ?
Bref, si ce petit intermède touristique m'a tenu éloigné du web, il ne m'a cependant pas empêché de lire. Je vais donc faire un petit effort et publier (rapidement cette fois) les comptes-rendus de ces lectures !