Vox - Nicholson Baker
"Vox", est un long dialogue entre un homme, Jim et une femme, Abby, mis en relation par le hasard d'un réseau de rencontres téléphoniques. Un étrange petit bouquin, pas tout récent (1992). La preuve : on y parle de relations érotiques par téléphone (ça existe encore à l'heure d'internet ?) et de cassettes vidéos, ces drôles de boites noires que nos enfants ne connaîtront que par les livres (mais ils attendrons d'avoir 18 ans pour lire celui-ci...)...
Le roman, qui peut être classé sans trop d'erreur possible dans le genre "littérature érotique", traîte de sexe donc (très orienté sur l'onanisme, téléphone oblige), mais aussi de l'amour, de la solitude. Tout cela avec beaucoup d'humour et de dérision. Les dialogues fourmillent de digressions parfois inattendues au regard de la situation des deux protagonistes. C'est d'ailleurs cette inventivité ainsi que l'écriture très plaisante qui font à mes yeux l'intérêt du livre.
Je n'ai pas suffisamment d'expérience de la littérature érotique pour m'être forgé une échelle de valeur solide sur le sujet : je ne pourrais donc juger l'inventivité de Nicholson Baker concernant les scènes purement érotiques. Pour le reste, je suppose que ses élucubrations doivent être assez inhabituelles dans le genre. A ce propos, il peut être intéressant de citer un extrait du livre (l'un des protagonistes parlant d'un livre érotique justement) :
"D'accord, je ne le relirai sans doute pas de sitôt mais, quand on pense à certains trucs qui passent aujourd'hui pour de la littérature intello, on ne peut qu'admirer ce souci de se cantonner avec humilité dans son genre."
On ne peut que se demander si Nicholson Baker lui-même s'est posé cette question du cantonnement à un genre pour "Vox". Est-ce que le sexe y est un moyen ou une fin ? Personnellement, je n'arrive pas à trancher...