Une relation dangereuse - Douglas Kennedy
Sally Goodchild est une journaliste américaine, correspondante à l'étranger pour le Boston Post. Elle couvre les conflits aux quatre coins de la planète. C'est au cours d'un reportage en Somalie qu'elle fait la connaissance de Tony Hobbs, un anglais lui-même reporter pour le Chronicle. Et ce qui devait arriver arrive : ils tombent amoureux...
Contrairement à ce que vous pourriez penser, ces quelques lignes abruptes ne résument que les 30 premières pages de ce bouquin qui en compte un peu plus de 400. Autant dire que l'on ne perd pas de temps en roucoulades romantiques chez les reporters de guerre... D'ailleurs, l'auteur se sent obligé de s'excuser auprès de son lecteur, par la voix de son héroïne : "Si ce n'était pas donner dans les clichés de la parfaite histoire d'amour, je dirais qu'à partir de ce moment-là nous sommes devenus inséparables..."
Et sur ce même rythme effréné, Sally tombe enceinte, se marie, quitte Le Caire pour s'installer dans une maison d'un quartier chic de Londres... et on n'a pas encore lu 60 pages.
Alors on se dit qu'il va y avoir de l'action, que Douglas Kennedy est un écrivain hyperactif et que ce roman va être épuisant, car il va nous tenir en haleine jusqu'à l'aube...
Hélas, le soufflet retombe avec l'accouchement laborieux de Sally et surtout sa grosse déprime postnatale. Car Sally doit suivre un traitement à base de tranquillisants et d'antidépresseurs, et non contents d'endormir notre pauvre Sally, ils semblent avoir également un effet soporifique sur le lecteur, à moins que ce ne soit sur l'auteur lui-même...
L'analyse des différences culturelles entre anglais et américains (un peu caricaturale) et l'espoir d'être réveillé par un rebondissement de dernière minute nous font cependant tenir. Et il est vrai que le dernier tiers du roman finit par nous tirer de notre torpeur, suffisamment pour le lire d'un trait (ou d'une traite, je ne sais jamais), mais sans nous offrir ce magnifique dénouement que nous aurions bien mérité pour notre persévérance...
Pour tempérer mon propos, il faut cependant dire que j'enchaîne par un malheureux concours de circonstances les livres traitant de la dépression (Face aux ténèbres, Le goût de la mère et maintenant Une relation dangereuse) et qu'il y a peut-être aussi une forme de saturation de ma part...
Bref, Une relation dangereuse est ma première rencontre avec Kennedy et vous aurez compris que je suis quelque peu resté sur ma faim. Si j'osais, je dirais que la montagne accouche d'une souris...
PS : je me permets de déconseiller ce livre aux femmes enceintes, et je ne lèverai l'interdiction qu'à partir du 6ème mois après l'accouchement... :)